Conférence de Marie Antoinette Cristiano

Une conférence qui fera du bien.

Centre Culturel Protestant de Verviers

Le Centre Culturel Protestant de Verviers propose une conférence de

Marie-Antoinette Cristiano , psychothérapeute

TRAVERSER LES BLESSURES DE L’ÂME Chemins vers la reliance et la paix intérieure

Samedi 23 mars 2019 à 20h00 au temple protestant de Hodimont, 8 Montagne de l’Invasion à 4800 Verviers.

Infos : 0486 764 902

PAF : 5 € – 3 € (+ de 65 ans et – de 26 ans)

La conférence

Le travail intérieur est un chemin, un voyage, une œuvre qui s’accomplit dans un cheminement patient et aimant à la rencontre des abîmes qui nous traversent et des merveilles qui nous fondent.

C’est à un voyage intérieur que nous invite cette conférence. Chemin faisant nous goûterons à la sève du grand texte de l’Exode depuis nos terres d’exil. Nous poserons le regard sur ce qui nous altère pour aller vers ce qui nous désaltère, sur ce qui nous défigure pour monter vers ce…

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Méditations du vendredi

Méditations du vendredi
La période précédant Pâques est une bonne occasion pour méditer.
Ce printemps, nous vous proposons quatre courtes (mais intenses ) rencontres qui se veulent comme une pause-prière féconde dans votre semaine.
Ces vendredi-là, le temple protestant de Verviers-Hodimont sera ouvert dès midi, et vous pourrez y vivre un temps de prière personnelle. De 12h15 à 12h45 environ, il y aura un temps de méditation guidée, vécu dans un climat fraternel et intériorisé, avec une lecture biblique et des textes profanes, de la musique et du silence.
La méditation est un voyage intérieur de silence, d’immobilité et de simplicité. Elle apporte la dimension contemplative qui manque si souvent à la vie chrétienne d’aujourd’hui. La méditation est un pèlerinage vers notre centre, notre coeur.
Ensuite, celles et ceux qui le souhaitent peuvent se retrouver au presbytère pour déballer ensemble leur pique-nique (et le café vous sera offert)
Quand? Les vendredis 29 mars, 5,12 et 19 avril 2019, dès 12h15, au temple protestant de Hodimont (croisement Rue de la Grappe & Montagne de l’Invasion, à Verviers)

Un prédicateur pas comme les autres

Prédication sur Luc 4:14-20, dite à Verviers Hodimont le 31 janvier 2016 : une prédication narrative de la pasteure Françoise Nimal.

Lecture biblique

Luc 4/14-20 (trad liturgique)

En ce temps-là,
lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit,
revint en Galilée,
sa renommée se répandit dans toute la région.
Il enseignait dans les synagogues,
et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait été élevé.
Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat,
et il se leva pour faire la lecture.
On lui remit le livre du prophète Esaïe.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
    L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue,
remettre en liberté les opprimés,
    annoncer une année favorable
accordée par le Seigneur.
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.
Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »

Prédication

Aujourd’hui, c’est le jour du sabbat, un jour mis à part pour Dieu. Alors, comme chaque jour de sabbat, nous, gens de Nazareth, nous sommes venus à la synagogue. C’est la coutume, c’est l’habitude, c’est comme ça, sabbat après sabbat. On se rassemble, on rend un culte à Dieu, on écoute les Ecritures, on écoute… Et on commente. Les vieux mots reprennent vie, encore et encore, semaine après semaine, quand on les fait rebondir dans les bouches, dans les oreilles, dans les têtes et dans les cœurs.

Du moins, en théorie… Parce que, en pratique… Parfois, les mots ne prennent pas vie. Parfois, les mots ne chantent pas. On est fatigué. Il fait chaud, on est bien assis, enfin, un moment où on peut se reposer un peu de la semaine, de tout ce travail accumulé. Parfois, on laisse vagabonder son esprit plus qu’on n’écoute… Ce n’est pas bien grave, tant qu’on est là, devant Dieu, chacun à sa place. Les hommes sont rassemblés en bas, dans la grande salle, les femmes sont de leur côté, là-haut, sur la tribune des femmes. Le culte se déroule…  Après les premières prières, après les louanges et les bénédictions, vient le moment d’ouvrir le Livre, la Bible… Le grand rouleau de parchemin où est écrite l’histoire de notre peuple et de son alliance avec le Seigneur. Notre Seigneur, celui qui a appelé Abraham, celui qui a fait rire Sarah, celui qui a bénit Jacob,… Cet être de vie, de feu et de grand vent qui a parlé à Moïse et nous a libéré d’Égypte. Ce Dieu de grande fidélité qui a fait de nous un peuple, alors que nous marchions dans le désert. Ce Dieu qui n’est pas indifférent à nos peines, et qui nous promet qu’un jour Il nous enverra un Messie pour nous sauver…

Comme c’est l’usage, après les premières prières, on se met à l’écoute de la Parole : quelqu’un lit un passage des Écritures, puis parfois le lecteur, parfois quelqu’un d’autre prêche, c’est à dire qu’il commente ce qui vient d’être lu. Le commentaire, c’est la manière que nous avons héritée de nos ancêtres, la manière d’ouvrir le texte, de le faire rouler de question en question, toujours un peu plus loin, comme le vent souffle dans le désert. Celui qui prêche, parfois, c’est le prêtre du lieu, parfois, c’est un invité, parfois quelqu’un qu’on désigne à la dernière minute, dans l’assemblée. L’un de nous. Parfois, c’est toi, parfois, c’est moi. Enfin, non, pas moi, mais les hommes…

Aujourd’hui, c’est Jésus. Un fils du pays, ce Jésus, un enfant du village. Ses frères et lui ont couru, enfants, dans les rues d’ici, aidé à bâter les ânes ou cueillir les olives, quand ils n’étaient pas auprès de leur père à l’établi. Le père est charpentier. Marie, sa mère, c’est une femme charmante, discrète, mais travailleuse, et plutôt souriante, avec quelque chose de lumineux dans le regard.

Et le voilà de retour, après de longues semaines d’absence, le voilà de retour, le Jésus, ici, chez lui, à Nazareth. Alors, comme il est au village, il est venu à la synagogue, évidemment. On n’aurait pas imaginé autre chose de lui le jour du sabbat. D’autant que le bruit court, à son sujet, qu’il est devenu un vrai homme de Dieu, toujours à parler des prophètes, toujours à prier… Et plus encore. Il a attrapé, ces derniers mois, alors qu’il parcourait les chemin de Galilée, une réputation, une renommée… Oh, il n’est pas très original pourtant, il va dans les synagogues et il prêche au bord des chemins. Il parle de conversion, comme Jean, son cousin, le baptiseur… Mais quand même… Il est différent. Différent de Jean. Différent de tous les guérisseurs, les rabbins et les autres prophètes itinérants. On dit qu’il est plein de douceur, de compassion, qu’il parle même avec les femmes, et qu’il se laisse attendrir par les blessés, les malades, les pauvres. Qu’il est généreux en paroles et en gestes, pour les estropiés du corps et de l’âme. On dit que partout où il passe… Partout où il passe, il se passe des choses.

Nous ne croyons pas trop aux rumeurs, nous autres. Et puis, la dernière fois qu’il était au village, quand il a parlé à la synagogue, pour tout avouer, on n’a franchement rien remarqué de spécial. Il parlait bien, il parlait juste, il connaissait les Écritures sur le bout des doigts, OK, bien sûr, mais enfin, ce n’est tout de même pas si extraordinaire !

Mais quand même, ce matin, on est curieux de l’entendre, ce Jésus. Alors, on est là, attentifs, on se secoue de sa torpeur, au moment où il se lève pour la lecture, au moment où il ouvre le livre.

Là… On n’a pas bien vu, et les avis divergent. On ne sait pas si il a ouvert le rouleau au hasard, ou si le responsable de la liturgie avait préparé la lecture du jour, ou encore si lui-même il a choisi ce qu’il a lu. Mais peut-être que ce n’est pas très important. Moi, j’aime croire que c’était un hasard, qu’il a ouvert le livre et que ce passage-là lui a été donné, plutôt que de penser qu’il l’a choisi, mais mon mari dit que ce sont des rêveries, ça… Bon, c’est vrai que les femmes, de leur tribune, ne voient pas toujours bien ce qui se passe. Mais peu importe… C’était un passage du prophète Ésaïe que nous connaissons tous très bien, un passage où Dieu annonce qu’il choisit un homme qui sera son instrument et par lequel il agira dans le monde. Ou plutôt c’est cet homme-là qui parle et qui annonce ce qu’il va faire de la part de Dieu. Il vient pour guérir, pour libérer les gens de tout ce qui les entrave, pour créer un monde neuf où le mal sera vaincu.

C’est un passage que j’aime bien, et je ne suis pas la seule. Chez nous, on a tous dans le fond du cœur cette attente d’un jour où Dieu va enfin intervenir pour nous sauver. La vie est dure, avec les Romains, qui nous ont soumis, et qui nous font payer des impôts terribles, qui nous méprisent, qui nous traitent comme des chiens.

Puis, il s’assied, comme on fait toujours pour prêcher. Un instant, avant qu’il parle, il y a un silence plein d’attente. On pourrait entendre voler une mouche.

Et il lève les yeux, et il dit : Maintenant… Non… Aujourd’hui… « Aujourd’hui cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez ».

On est complètement ébahis, évidemment. Ça n’arrive jamais, que quelqu’un ose dire « aujourd’hui » en parlant de l’accomplissement d’une promesse divine. D’habitude, les maîtres de la loi parlent plutôt d’espérance future, de « ça ira mieux demain », et puis ils nous disent d’être sages en patientant, de continuer à bien prier, à venir à la synagogue, et de ne pas oublier de donner le plus possible à l’offrande. Mais lui, Jésus… il a dit « aujourd’hui », avec de grands gestes larges, comme si ses bras allaient embrasser le monde entier, et un sourire, un grand sourire de joie qui donne envie d’être heureux.

Voilà, c’est ça, c’est l’effet que ça nous fait, à beaucoup, et pas qu’aux femmes dans leur tribune… On a envie d’être heureux. Follement envie d’être heureux.

Quelques jours après,  je suis au lavoir avec ma cousine Bethsabée, et on reparle de toute cette histoire. Du soleil qu’on avait dans le cœur quand il a dit cette première phrase… Et de la façon dont ça a mal tourné, après. Bethsabée, elle est intelligente et fine, elle comprend les choses, elle entend ce qui se dit et remarque ce qui ne se dit pas, et elle en tire toujours des conclusions émoustillantes. J’aime parler avec elle ; j’ai toujours mille fois plus à penser, après.

Elle est comme moi encore retournée de ce grand bonheur chaud qu’on a ressenti quand il parlait. Et pourtant, disons-nous, ce matin-là, on avait mille raisons de ne pas être heureux, mille soucis qu’on avait. Moi, je pensais à mon frère, Joachim, celui qui est parti dans la montagne pour combattre l’occupant romain, il y a longtemps qu’on n’a plus eu de ses nouvelles, et j’ai peur pour lui. Bethsabée, c’est pour son homme qu’elle est inquiète, parce qu’il a comme une grosse colère en lui, et ce n’est pas bon, ça casse un homme, trop de colère, ça mange la tête. Et autour de nous, les autres avaient aussi leurs soucis… L’une pensait à l’argent qui lui manquait pour payer ses dettes, une autre, à la maladie de son fils qui allait en empirant. Le cousin d’un autre venait de perdre son travail. Où trouver Dieu dans tout ça ? C’est sûr qu’on n’y croyait plus trop, à toutes les promesses de la Bible…

Et pourtant, pourtant.

Quand Jésus a parlé, comme vous dire… J’ai ressenti la présence de Dieu, j’ai pris conscience que Dieu, Il est là, tout proche. Il n’est pas lointain, indifférent aux peines et aux souffrances humaines. Il se soucie de nous, il vient partager nos angoisses, marcher avec nous sur le chemin, porter avec nous ce qui nous pèse.

Dieu agit, Dieu intervient dans nos vies.

Et Bethsabée, qui comprend toujours beaucoup de choses, dit que l’enseignement de Jésus à la synagogue nous montre tout l’essentiel de la façon dont Dieu agit : il nous sauve, il nous libère, il nous guérit. Nous, qui sommes appauvris et asservis par les Romains, et qui avons tant besoin de libération. Elle dit aussi que ce jour du jubilé, qui ouvre cette année favorable, est une belle image de libération des pauvres, ce jour où l’on remet tout à plat, où l’on repartage équitablement la terre, où toutes les dettes sont remises.

Puis, Bethsabée me fait remarquer trois choses très étranges, qui vont me donner à penser toute la semaine.

La première, c’est que dans la lecture que Jésus a faite, ce texte du prophète Esaïe, il est question d’aveugles… Mais qu’il n’y a pas d’aveugles chez nous. On peut se sentir pauvre, et opprimés, parce qu’on l’est, à peu près tous, avec toutes les épreuves que la vie nous envoie. Mais aveugles ? Qu’est-ce qui cloche dans notre regard ? Qu’est-ce que nous ne voyons pas ?

La deuxième chose, c’est que, cette même lecture d’Esaïe, Jésus ne l’a pas faite en entier. Il s’est volontairement arrêté avant la fin. Avant la phrase qui dit que le jour du jubilé est « un jour de vengeance pour notre Dieu ». Comme si Jésus avait décidé de laisser tomber l’image du Dieu vengeur, et qu’il nous invitait à faire comme lui.

Moi, je suis une rêveuse, et j’aime bien laisser mon imagination vagabonde… Alors, parfois je fais des liens entre des choses qui n’ont rien à voir. Bethsabée dit que ça fait mon charme. Quoiqu’il en soit, dans toute cette histoire, je ne peux pas m’empêcher de me demander si les deux choses n’ont pas un rapport, d’une façon ou d’une autre. Si ce que nous sommes trop aveugles pour voir, bien souvent, ce n’est pas que Dieu, il n’est pas comme les prophètes le disaient, un Seigneur de colère,… Et que quand nos yeux vont s’ouvrir nous verrons, comme Jésus, que Dieu n’est pas un Dieu de colère et de punition, mais bien un Dieu de grand amour et de consolation.

Et puis, il y a la troisième chose, la plus étrange peut-être, c’est que Jésus avait l’air de dire que l’envoyé de Dieu, le sauveur, le Messie, au fond, c’était lui… Comment quelqu’un peut-il dire ça ? Peut-être que ça aussi, ça a à voir avec les aveugles. Peut-être que si je n’étais pas aveugle, je verrais ce que cela veut dire, je verrais Jésus comme le Messie. Et je verrais que le temps de la grâce a commencé, que nous sommes sauvés déjà aujourd’hui, maintenant.

C’est une étrange idée, et à l’évidence tout le monde à Nazareth n’est pas prêt pour cette idée, mais… Mais au fond,… Au fond, j’ai le cœur tellement chaud et doux rien que d’y penser, que j’ai bien envie d’y croire.

Et j’ai l’impression que cela pourrait changer ma vie.

 

Amen.